Réussir une manif’ en pleines vacances scolaires et sur un jour férié, c’est le défi que n’ont pas réussi à relever les organisations syndicales de la Marne, où seulement quelques centaines de personnes ont défilé lors du traditionnel rassemblement du 1er Mai. On était bien loin des sommets atteints l’an passé, quand 5 000 personnes avaient célébré la journée internationale des travailleurs, deux semaines après la promulgation de la très contestée réforme des retraites. Alors que l’actualité sociale est moins agitée, les revendications n’étaient pour autant pas moins nombreuses cette année. Hausse des salaires, grève générale, soutien au peuple kurde, cessez-le-feu à Gaza, respect des droits des personnes transgenres… Les doléances se sont agrégées calmement dans le département. Ce ne fut pas le cas dans les grandes villes, où des heurts ont éclaté et des dégâts ont émaillé les cortèges. Celle qui a fait le plus de bruit est sans doute Saint-Étienne, où le candidat du Parti socialiste aux élections européennes, Raphaël Glucksmann, a dû être exfiltré du cortège après des huées, des invectives et des jets de peinture. Grâce aux nombreux téléphones brandis et aux journalistes présents sur place, il apparaît que des militants communistes et insoumis ont été à l’origine de cette débâcle. Le PCF de la Loire a « condamn[é] sans réserve », puis Jean-Luc Mélenchon a « désapprouv[é] totalement », avant d’exiger des excuses de l’agressé qui avait accusé LFI d’être l’instigateur de ce hourvari. Il y a un an tout pile, la gauche s’appelait encore la Nupes et n’excluait pas de se présenter unie aux élections européennes. Un vœu on ne peut plus éloigné de la réalité actuelle. Né pendant les années Hollande, le fossé creusé entre la gauche radicale et la gauche de gouvernement s’était resserré dans le sillage de l’accord électoral formé avant les élections législatives de 2022, mais la Nupes a volé en éclat pour de bon depuis le retour au premier plan du conflit israélo-palestinien. Il apparaît donc impossible de les voir défiler ensemble le 1er mai 2025. Quelques heures plus tôt, à Milan, une manifestation d'un tout autre genre a envahi les rues. Dans l’Italie de la post-fasciste Giorgia Meloni, des centaines de personnes ont défilé au flambeau et multiplié les « saluts romains », escortés par la police. Espérons que la gauche française saura s’unir si pareil péril venait à se présenter dans les rues de Paris…